C’est le débat de l’année dans le ski de fond. Le classique, dans l’esprit des puristes est bafoué.
Depuis quelques années, grâce à la musculation du haut du corps, qui s’est développé dans les méthodes d’entraînement, de nombreux athlètes prennent le départ des courses classiques en skis… de skating, et réalisent tout le parcours en double poussée simultanée, tout sur les bras. Ils perdent du terrain dans les côtes mais le regagnent à la glisse dans les descentes. Plus besoin des jambes, le haut de corps fait tout, en appuyant sur les bâtons.
Sur les courses régionales, on a déjà vu des Jeunes et Juniors de l’équipe partir en ski de skating. On le voit maintenant en coupe du monde avec des belles perfs. Dario Cologna 3ème, Alexey Poltoranin 1er. Leur audace et leur puissance a payé mais n’assènent-ils pas là un coup terrible à cette technique? On ne peut que louer leur force, c’est la loi du sport, bravo à eux. Mais au fond, que deviennent les appuis, la finesse de l’accroche du fart à la neige? Rien. Ecrasé au bras de fer. Au moins, ces athlètes méritant font se poser des questions à la FIS, doit-on se concentrer sur des profils de cours plus dur? Doit-on interdire le matériel de skating? ça ne changerait rien. Doit-on règlementer la double poussée? Manque de crédibilité. Doit-on arrêter le classique? Et on fait comment sur des pistes mal tracées ou quand il neige?
La faute aux méthodes d’entraînement, et dans ce cas, ce n’est pas une faute, c’est l’exploitation d’un filon.
La faute aux pistes soigneusement damées qui facilitent le skating. Le classique s’est développé dans la poudreuse, sans dameuses. Le skating est apparu lorsque les pistes sont devenues bien damées. Et c’est normal.
La faute surout à des profils de piste moins adaptés à ces méthodes d’entraînement. Si Dario Cologna réalise une troisième place en double poussée à Davos, c’est aussi la faute à une piste artificielle « moins dure » et au manque de neige. De là, je me pose deux questions :
– Le manque de neige cet hiver limite les pistes au canon à neige et à des pistes plates pour satisfaire le « grand public ». D’où la différence croissante entre le skieur de base et le skieur de Haut Niveau. On revient au vaste débat des inégalités ou les plus puissants deviennent encore plus puissants et la base s’affaiblit, skieurs moins nombreux, moins techniques, moins passionnés. C’est un reflet de la société et ne condamnons surtout pas les équipes sportives régionales et nationales qui travaillent dur.
– Le manque de neige cet hiver est-il un reflet du réchauffement climatique? On le sait, le réchauffement ne se voit pas d’une année sur l’autre mais de tels hiver (il n’est pas fini, rien n’est perdu) vont se reproduire plus fréquemment. C’est une histoire de statistiques. De moins en moins d’hivers froids, de plus en plus d’hivers chauds. Le ski de fond et ses petites stations vont en prendre un coup, lentement mais sûrement. Le canon à neige répondra un temps au problème, mais on a bien vu au mois de Décembre que même le canon n’a rien pu faire à Gap Bayard. La logique productiviste de la société voudra que l’on s’équipe de canons à neige fonctionnant à 10 degrés, ou d’aller chercher la neige en altitude et de la descendre en hélico comme à Superdévoluy, ou tout simplement de développer des stations encore plus en altitude, sur glacier. Non, on arrivera toujours à skier en classique avec notre fart, pas besoin de skier sur l’Or, au Qatar ou à Oberhof. 2 kms de pistes artificielle suffiront à courir en classique ce dimanche, on fait avec peu, mais on fait.
Trêve de réflexions, qui sont bien peu de choses en face des attentats contre la liberté d’expression, contre l’humour, contre la vie de simples gens qui ne faisaient que penser.